@Thierry_du_75’ Coup de ❤️ du public

von Le Vailllant Marion , AdForum

La rencontre avec l’association

Le Samusocial de Paris a pris contact avec Josiane après avoir vu les campagnes « Laura, 30 ans » pour l’AFSEP ainsi que « #LivingIsWinning » pour La Cimade. Parmi les nombreuses causes auxquelles Josiane est sensible, celle du mal-logement nous touche particulièrement. Dès les premiers échanges, nous avons ressenti une volonté de travailler ensemble de manière itérative et constructive. Cette démarche nous a amené à proposer beaucoup de choses (6 idées créatives) puis d’en réaliser 4 d’entre elles.

L’idée, le choix créatif et les moyens mis en places

Si nous vivons dans une société où rester jeune est encouragé, les seniors ne se retrouvent pour autant pas dans les clichés qui leur sont assignés : 50 ans est l’âge à partir duquel le bien-être est en hausse constante. En revanche, un senior à la rue est un senior privé de sa vieillesse, sur le plan culturel comme naturel. Vieillir n’est plus un droit naturel inhérent à la vie : il a un coût, et aussi infime soit-il, tout le monde ne peut plus se le permettre. Nous avons voulu leur « donner les moyens de vieillir ». Notre cible de trentenaires étant habituée à la présence de seniors à la rue, il nous a semblé tactique de raconter la dégradation progressive du niveau de vie d’un retraité sur un média qui leur est affinitaire, Instagram. Avec l’âge, on a souvent l’impression d’être « à la rue », notamment dans les nouveaux usages digitaux. Mais quand on vieillit, mieux vaut se sentir à la rue que d’y vivre. C’est ainsi qu’est né @Thierry_du_75, un sexagénaire qui partage les moments de son quotidien sur Instagram.

Les attentes par rapport à cette campagne

Tout d’abord, un enjeu de notoriété du Samusocial de Paris au regard de sa mission d’aide dédiée aux seniors de plus de 60 ans à la rue. Ensuite, cette activation digitale permettait de sensibiliser le grand public en faisant la pédagogie du point de bascule où le senior se retrouve sans-abri. Enfin, l’objectif ultime était de générer des dons en Île-de-France.

Les résultats ou les suites éventuelles

Le compte Instagram de Thierry a ardemment été soutenu : d’abord par des marques d’empathies de la part des socionautes ; ensuite via des conseils sur la maîtrise d’Instagram ; et enfin et surtout par la proposition d’hébergements et de repas au protagoniste de ce « social storytelling ». Le sujet ayant fait le tour des rédactions, de nombreuses retombées presses et influenceurs ont soutenus et relayés l’initiative. Thierry_du_75 fut la première étape d’une campagne omnicanale en 3 volets comprenant l’opération « Sans Définitions Fixes » suivie de « Souvenirs d’Enfance ».

De manière plus générale, comment travaillez-vous avec les associations ?

Avant même d’avoir une idée, Josiane pense qu’il faut d’abord avoir une certaine idée de la société dans laquelle on veut la faire émerger. Notre raison d’être est d’inscrire de nouveaux symboles porteurs de progrès social dans la culture publicitaire. Et les associations trouvent justement leur raison d’être là où il y a matière à progresser. Ce qui en fait donc un levier essentiel et prioritaire car Josiane prend autant soin des marques que ceux qui aident. Les associations ressentent cela et viennent assez naturellement nous démarcher. Notre démarche pro-active est occasionnelle en fonction de contextes particuliers.

Par contre, nous pensons qu’il est tout aussi important d’amener ces symboles porteurs de progrès social dans les marques « traditionnelles ». C’est ce que nous essayons de faire - dans la mesure du possible, lorsque cela fait sens - pour les marques que nous accompagnons. L’exemple d’Un jour ailleurs avec #Desfemmesàsuivre en est un parmi d’autres.

Les raisons qui motivent un travail non rémunéré pour les associations ?

Que ce soit une campagne publicitaire à des fins commerciales ou à des fins associatives, les critères de réussite d’une campagne sont les mêmes. Il faut une bonne idée. Et pour avoir une bonne idée, il faut engager des ressources, en stratégie et en création. La question n’est donc pas tant celle de la rémunération à proprement parler, mais d’avoir un budget permettant d’avoir une bonne idée et se donner les moyens de la produire correctement. Il nous arrive une ou deux fois dans l’année d’offrir le temps de nos horaires à certaines associations mais cela reste exceptionnel. Même si le business model de Josiane ne repose pas sur les associations, d’une manière générale, nous ne prenons pas les briefs non rémunérés. Et encore moins lorsqu’il s’agit de pitchs.